10 questions à poser au CTO lors d’une Tech Due Diligence
La Tech Due Diligence implique une analyse en profondeur des logiciels, des infrastructures et des méthodologies de travail pour comprendre ce qui se cache derrière les apparences. Poser des questions pertinentes présente 2 objectifs : obtenir des insights, et démontrer au CTO votre maîtrise des enjeux.
Ces dix questions sont conçues pour fournir des informations précieuses tout en démontrant une solide compréhension de l’écosystème technique.
- 1. Comment arbitrez-vous les choix architecturaux entre scalabilité et maintenabilité ?
- 2. Quel est le bug le plus difficile que votre équipe a corrigé au cours des six derniers mois, et qu’avez-vous appris de votre codebase ?
- 3. Comment gérez-vous les dépendances open-source pour minimiser les risques ?
- 4. Quels indicateurs utilisez-vous pour mesurer la productivité des développeurs et la qualité du code ?
- 5. Comment gérez-vous les rollbacks en production, et quand en avez-vous effectué pour la dernière fois ?
- 6. Comment assurez-vous la résilience et la tolérance aux pannes dans les systèmes critiques ?
- 7. Quels sont vos principaux goulots d’étranglement dans le cycle de développement ?
- 8. Comment votre équipe aborde-t-elle la dette technique lors de la planification ?
- 9. Quelle est votre stratégie pour gérer la croissance des données et leur scalabilité au niveau de l’infrastructure de stockage ?
- 10. Comment équilibrez-vous les priorités entre sécurité et vitesse de développement ?
- Pourquoi ces questions tech sont efficaces
1. Comment arbitrez-vous les choix architecturaux entre scalabilité et maintenabilité ?
Cette question touche au cœur de la conception des systèmes. Elle reconnaît que chaque décision technique implique des arbitrages et invite le CTO à expliquer les choix ayant guidé leur architecture. Par exemple, les architectures en microservices sont idéales en termes de scalabilité, mais elles peuvent engendrer une complexité importante en matière d’orchestration et de débogage. À l’inverse, les architectures monolithiques sont plus simples à gérer au démarrage, mais peuvent rencontrer des limites quant aux besoins de mise à l’échelle.
Des questions complémentaires telles que : « Quels systèmes de surveillance avez-vous mis en place pour identifier les goulets d’étranglement liés à la scalabilité ? » ou « Comment gérez-vous les dépendances entre services pour éviter les défaillances en cascade ? » reflètent une compréhension approfondie des défis inhérents à la conception des systèmes modernes.
2. Quel est le bug le plus difficile que votre équipe a corrigé au cours des six derniers mois, et qu’avez-vous appris de votre codebase ?
Cette question répond à deux objectifs : tester la connaissance qu’a le CTO des défis récents de son équipe, et révéler d’éventuels points faibles dans la codebase. Les bugs complexes mettent souvent en lumière des problèmes sous-jacents tels que la dette technique, des limitations architecturales ou des lacunes dans la couverture des tests.
En posant cette question, vous découvrez également si l’équipe dispose de processus de débogage efficaces et d’une culture d’apprentissage issue des incidents. Si le CTO évoque des améliorations telles que des analyses de causes profondes ou des tests automatisés renforcés, cela témoigne d’un environnement de développement mature.
3. Comment gérez-vous les dépendances open-source pour minimiser les risques ?
Cette question témoigne immédiatement d’une compréhension approfondie de l’un des principaux risques du développement logiciel : la gestion des logiciels open source (OSS). Les OSS constituent la base de la plupart des architectures logicielles modernes, mais une gestion inadéquate des dépendances peut introduire des vulnérabilités ou des risques liés aux licences.
Des investisseurs avisés pourraient enchaîner avec des questions telles que : « Utilisez-vous des outils tels que Dependabot ou Snyk pour automatiser l'identification des vulnérabilités ? » ou « Quelle est votre politique concernant l’utilisation de bibliothèques avec des licences restrictives comme AGPL ou GPL ? » montrent une maîtrise des outils pratiques et des implications juridiques liés à l’OSS.
4. Quels indicateurs utilisez-vous pour mesurer la productivité des développeurs et la qualité du code ?
Cette question examine l’efficacité opérationnelle de l’équipe et leur capacité à mesurer des résultats pertinents. Les indicateurs traditionnels comme les lignes de code écrites sont dépassés et trompeurs. Un CTO avisé mentionnera probablement des indicateurs tels que le temps moyen pour effectuer des changements (lead time for changes), la fréquence des déploiements ou le temps moyen de récupération après un incident (MTTR).
Une question complémentaire telle que « Comment ces indicateurs influencent-ils votre planification des sprints ou votre gestion de la dette technique ? » peut ouvrir une discussion sur l’équilibre entre développement de nouvelles fonctionnalités et amélioration continue du code.
5. Comment gérez-vous les rollbacks en production, et quand en avez-vous effectué pour la dernière fois ?
Les pannes en production sont inévitables, même pour les équipes les plus compétentes. Ce qui compte, c’est leur capacité à réagir efficacement. Cette question permet d’évaluer dans quelle mesure l’équipe est préparée à gérer l’imprévu, un élément crucial pour apprécier la résilience opérationnelle. La réponse du CTO pourrait inclure des stratégies telles que les déploiements blue-green, canary releases, ou les feature toggles, qui figurent parmi les meilleures pratiques pour limiter les risques en production.
Une question complémentaire pertinente pourrait être : « Quel est votre processus décisionnel en cas de rollback, et comment trouvez-vous l'équilibre entre les risques et le temps nécessaire pour corriger le problème ? » Cette approche montre une compréhension fine des défis opérationnels en production et souligne l’importance de réduire les interruptions tout en maintenant la confiance des utilisateurs.
6. Comment assurez-vous la résilience et la tolérance aux pannes dans les systèmes critiques ?
Cette question porte directement sur la manière dont un système est conçu pour gérer les pannes et maintenir sa disponibilité, un enjeu majeur pour les applications orientées utilisateur. Un CTO pourrait évoquer des stratégies telles que la redondance, les mécanismes de basculement (failover) ou encore l’utilisation de disjoncteurs (circuit breakers) dans les architectures en microservices pour prévenir les défaillances en cascade.
Une question de suivi pertinente pourrait être : « Comment simulez-vous des pannes pour valider ces mécanismes ? Utilisez-vous des outils comme Chaos Monkey ou d’autres pratiques d’ingénierie du chaos (chaos engineering) ? » Cette approche met en avant une maîtrise des méthodes de pointe pour tester la résilience des systèmes.
7. Quels sont vos principaux goulots d’étranglement dans le cycle de développement ?
Chaque équipe de développement rencontre des défis, et cette question invite le CTO à réfléchir aux contraintes opérationnelles, qu’elles soient liées au recrutement, aux outils, à la communication ou à la dette technique. La réponse pourra non seulement révéler les points faibles existants, mais aussi leur capacité à identifier et à résoudre les lacunes.
Une question complémentaire judicieuse pourrait être : « Comment priorisez-vous les améliorations pour résoudre ces goulets d’étranglement, et quels résultats visez-vous ? » Cela permet de maintenir l’attention sur les solutions, plutôt que sur les problèmes, tout en montrant que vous comprenez les liens entre l’optimisation des processus et les objectifs stratégiques de l’entreprise.
8. Comment votre équipe aborde-t-elle la dette technique lors de la planification ?
Cette question examine si l’équipe adopte une approche disciplinée pour équilibrer le développement de nouvelles fonctionnalités et le maintien de la qualité du code à long terme. Cela met également en évidence leur capacité à quantifier et à prioriser la dette, un aspect qui peut avoir un impact direct sur la scalabilité et l’adaptabilité futures.
Une question de suivi pertinente pourrait être : « Comment quantifiez-vous la dette technique ? Utilisez-vous des indicateurs tels que le taux de modification du code (code churn) ou les coûts de refactoring pour guider vos priorités ? » Cela montre que vous ne considérez pas la dette technique comme un concept, mais comme une réalité mesurable et exploitable.
9. Quelle est votre stratégie pour gérer la croissance des données et leur scalabilité au niveau de l’infrastructure de stockage ?
Cette question explore la stratégie de gestion l’augmentation des volumes de données à mesure que le produit évolue. Le CTO pourrait mentionner des approches comme le sharding, l’indexation, le database clustering ou l’utilisation de solutions de stockage évolutives comme Amazon RDS, DynamoDB ou Snowflake.
Pour approfondir, vous pourriez demander : « Comment gérez-vous l’évolution ou le versioning de bases de données, notamment lorsque le produit et les exigences évoluent ? ». Cette question montre une compréhension des défis pratiques en matière d’architecture de données.
10. Comment équilibrez-vous les priorités entre sécurité et vitesse de développement ?
La sécurité peut parfois ralentir les cycles de développement, mais la négliger expose à des risques de failles et de non-conformité. Cette question invite le CTO à expliquer comment la sécurité est intégrée au processus de développement sans compromettre la vitesse. Il pourrait aborder des pratiques telles que le DevSecOps ou l’utilisation d’outils automatisés de sécurité dans les pipelines CI/CD.
Un approfondissement pertinent pourrait être : « Quelle est votre stratégie pour détecter et corriger les vulnérabilités zero-day dans vos dépendances logicielles, et avec quelle rapidité pouvez-vous y répondre ? ». Cette question témoigne d’une expertise technique tout en mettant en lumière un enjeu critique auquel de nombreuses organisations sont confrontées.
Pourquoi ces questions tech sont efficaces
Ces questions dépassent le simple niveau de curiosité et explorent les subtilités de l’ingénierie logicielle, de la gestion opérationnelle et de la réduction des risques. Elles montrent que l’interlocuteur comprend les arbitrages, les défis et les outils qui façonnent une entreprise technologique moderne.
Comme l’explique Jonathan Berdah, expert en Tech Due Diligence chez Vaultinum : « L’objectif n’est pas de pointer du doigt les domaines qui ne sont pas encore irréprochables. Bien que toutes les questions ne s’appliquent pas à chaque situation, engager ce type de discussions permet d'avoir une vision globale de la maturité de l’entreprise et aide le CTO à identifier les piliers à renforcer. » Ces questions vous positionnent également comme un interlocuteur averti et crédible, capable de comprendre réellement les subtilités de la construction et de la scalabilité d’une technologie performante.
Clause de non-responsabilité
Les opinions, présentations, chiffres et estimations présentés sur le site Web, y compris dans le blog, sont uniquement destinés à des fins d'information et ne doivent pas être considérés comme des conseils juridiques. Pour obtenir un avis juridique, vous devez contacter un professionnel du droit dans votre juridiction.
L'utilisation du contenu de ce site Web, y compris du blog, à des fins commerciales, y compris la revente, est interdite, sauf autorisation préalable de Vaultinum. La demande d'autorisation doit préciser le but et l'étendue de la reproduction. À des fins non commerciales, tout le matériel de cette publication peut être cité ou réimprimé librement, mais une reconnaissance est requise, ainsi qu'un lien vers ce site Web.
Recommandé pour vous